Dans ma pratique, un sujet s’est imposé à moi : on dit que la femme est une énigme, pour moi, c’est l’homme qui en est une. Je travaille avec mes tropismes qui sont le corps de l’autre en tant qu’homme mais aussi le corps social. L’autre m’intéresse dans l’intimité d’une relation, mais il peut également être un inconnu. La rencontre est un élément central de ma recherche plastique. Elle peut être dans la rue, derrière des écrans, sur des applications de rencontre.
Multitude des identités possibles est une série photographique réalisée en 2019 à Belleville et à La Chapelle, des quartiers populaires de Paris. J’ai vécu à Belleville pendant une partie de mon enfance. C’est un quartier qui m’est cher. Ces lieux me fascinent pour leur mixité socio-culturelle. J’ai commencé ce projet en me demandant ce que ma présence en tant que femme avec un appareil photographique allait déclencher dans ces lieux publics où les hommes sont omniprésents et les femmes sont souvent de passage. J’ai photographié beaucoup d’hommes (parfois des femmes) issues de l’émigration ou anciennement émigrés. Ce sont des personnes très peu ou mal représentées par les politiques et les médias. J’ai voulu remettre mes photographies dans un contexte loin des clichés que renvoient les médias mais aussi donner à ces personnes plus de visibilité. Des photographes tels que Garry Winogrand, ou Dave Heath m’ont accompagné lors de mes prises de vue.
Ici, il s’agit d’un extrait de la série Multitude des identités possibles, j’ai choisi quelques photographies pour aller en accord avec le mur qui m’a été proposé par le Théâtre Mansart. J’ai également réalisé un projet d’édition comprenant toutes les photographies.